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  • Photo du rédacteurThibault Fortuner

La compétition par la Langue des oiseaux



Dans la langue des oiseaux, l'étymologie et la définition est la première étape pour comprendre le sens caché d'un mot.


D’après le Larousse, « compétition » signifie :

  • Action de participer à un championnat, à une coupe, à un tournoi. Ex. : faire de la compétition automobile.

  • Épreuve sportive mettant aux prises plusieurs équipes ou concurrents. Ex. : participer à une compétition de natation.

  • Concurrence entre des organismes, des populations ou des espèces pour l'utilisation d'une ressource, la recherche de la nourriture ou l'appropriation d'un habitat.


La compétition est donc synonyme de rivalité et de concurrence dans un domaine donné. Elle parle d’un système où il y aura une personne, ou une entité, « meilleure » que les autres : un gagnant, un élu.

Le danger de ce système est qu’il peut impliquer de percevoir l’autre comme « l’ennemi », celui que l’on doit dominer, battre, éliminer, vaincre. Réussir, obtenir la reconnaissance ou la considération, impliquera alors implicitement de détruire l’autre. C’est donc un système de rivalité, de lutte de pouvoir, qui nous enseigne : « C’est moi OU l’autre. »

De l’école à l’entreprise, en passant par le sport, notre société utilise beaucoup ce levier. Même les arts sont touchés par cette notion (les Césars, les Molières, les Oscars, les Victoires de la musique, les prix Goncourt…).


Comme l’a rappelé Gérard Athias : « La comparaison est la base de la dévalorisation. » En effet, c’est parce qu’on se compare à l’autre ou à une image passée de soi-même ; lorsqu’on se compare à une image idéalisée de l’autre ou de soi-même que l’on se dévalorise.

Or, la compétition est basée sur la comparaison et, si elle permet l’émergence d’un gagnant, elle engendre surtout une multitude de perdants. Elle favorise donc la valorisation d’une élite et la dévalorisation du plus grand nombre ; la dénomination du vainqueur et l’anonymisation des autres.

Ainsi, en favorisant la compétition notre société crée en fait un monde dévalorisé en quête de reconnaissance et de considération infinies. Dans cet univers, chacun peut penser qu’il faut être numéro1, voire écraser ou éliminer l’autre, pour avoir de la valeur et une place. Cette croyance générera le plus souvent un impératif inconscient et parfois paralysant de perfection associé à un stress permanent de perdre sa position dominante lorsque nous l’atteignons.


Etymologie


L'étymologie est la première étape de l'analyse d'un mot par la langue des oiseaux. Étymologiquement, "compétition" est composé de :

  • petere : « chercher à atteindre », « s’élancer vers », « aller vers » ;

  • com : « avec », « ensemble ».

Ainsi par l’étymologie, la personne obnubilée par la compétition raconterait le besoin ou l’aspiration de trouver quelqu’un (com) avec qui s’élancer et atteindre un but (petere). Elle porterait alors potentiellement, dans sa mémoire, une peur ou une difficulté à être seule pour atteindre son objectif ou initier un projet seule. À un autre niveau, l’esprit de compétition raconterait un besoin plus ou moins conscient de l’autre pour avancer.

Cette étymologie, combinée avec ce que nous avons évoqué auparavant, met donc en lumière une dualité au niveau sociétal (ou chez les personnes obnubilées par la compétition) : « J’ai besoin de l’autre pour avancer mais je dois m’assurer de pouvoir le dominer pour être le gagnant ou rester le meilleur. » Y seraient donc associés un désir/refus d’aide et une lutte de pouvoir sous-jacente et permanente avec l’autre.


Autre vision

Heureusement, l’étymologie nous offre également une autre vision de la compétition, que notre société et les personnes obsédées par elle auraient peut-être intérêt à apprendre et à intégrer.

Sur ce plan, la compétition n’inviterait pas à écraser l’autre, à le dominer et à le vaincre ; elle n’inviterait pas à être CONTRE l’autre mais AVEC lui (com), pour atteindre un objectif commun (petere). Ce ne serait donc pas moi OU l’autre mais plutôt : l’autre ET moi.

Dans cette vision, la compétition porterait l’aspiration à faire un bout de chemin avec quelqu’un (com) pour avancer plus loin et se donner plus de chances d’atteindre un but (petere). Elle inviterait à être ensemble (com) pour se stimuler, afin que chacun donne le meilleur de lui-même, progresse, se dépasse et permette à tous d’atteindre l’objectif (petere).

Dans cette analyse, le but de la compétition serait donc d’être utile à l’ensemble (com) et pas seulement à soi-même ; d’avancer grâce et avec l’autre et non à son détriment et de manière solitaire. Ainsi, l’étymologie de ce mot nous enseignerait qu’il ne peut y avoir de gagnant s’il existe ne serait-ce qu’un seul perdant.


La compétition, par son étymologie, est donc un système qui ne mènerait pas à la lutte de pouvoir mais plutôt à la coopération pour que l’ensemble soit gagnant et pas seulement une poignée. Dans ce système, c’est grâce à l’autre qu’on atteindrait l’objectif. Ainsi, quel que soit le domaine où la compétition est pratiquée (professionnel, scolaire, personnel, sportif…), une victoire qui entraînerait un rabaissement, un anéantissement ou une destruction de l’autre ne pourrait être qu’une défaite.

De plus, l’objectif étant atteint grâce à l’autre, la gratitude et la reconnaissance (envers son équipe et ses adversaires) seraient considérées comme des piliers de la compétition.


Comme nous venons de le voir, étymologiquement, la compétition permet d’atteindre un objectif avec l’autre, grâce à lui. Dans cette partie de l’analyse, le concept de compétition ressemble aux notions de collaboration ou de coopération ; cependant une nuance s’impose. D’après le Littré, par l’étymologie :

  • "collaborer" parle de travailler dur, de souffrir avec l’autre (co/laborare : « travailler avec ») ;

  • "coopérer" évoque le fait de réaliser une œuvre avec lui (co/operari dérivé de co/opera : avec/œuvre).

Ainsi, dans la compétition, tous se confronteraient dans le même domaine de compétences pour progresser et atteindre un objectif déterminé, tandis que la collaboration et la coopération inviteraient chacun à offrir aux autres sa spécificité et ses capacités, afin de réaliser avec lui une œuvre commune.

Dans un premier temps, la compétition serait donc nécessaire pour s’améliorer dans son domaine. Ceci afin d’offrir le fruit de cette amélioration à d’autres personnes issues de domaines différents, pour réaliser des œuvres communes avec elles. La compétition précéderait alors la coopération et trouverait son aboutissement en elle.


Il ne s’agit donc pas de cesser de se mesurer aux autres, mais d’être attentif à ce que l’objectif de cette confrontation soit le dépassement de soi-même et non celui de l’autre ; que le but ne soit pas d’être meilleur que l’autre mais une meilleure version de soi-même grâce à lui. Ainsi, dans cette vision de la compétition, ce ne sera pas le fait d’avoir vaincu ou d’avoir défait l’autre qui sera valorisé mais la progression qu’aura permis cette confrontation.



A savoir : la notion de "compétition" et de "profit" sont liés. Ce texte est un extrait du livre "des pensées d'argent"


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